Hommage à Jean Bastaire dans "La Vie"

Le 26/09/2014

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Il y a un peu plus d'un an disparaissait Jean Bastaire, intellectuel, grande figure de l'Amitié Charles Péguy (voir ici). Dans son dernier numéro (n°3604, 25 sept- 1er octobre), l'hebdomadaire La Vie lui rend hommage, rappelant autant son attachement à la pensée de Péguy que son engagement en faveur de l'écologie chrétienne. L'article, signé Mahaut Herrmann, s'intitule « Jean Bastaire, un théologien pour la Création ». Nous en reproduisons ici quelques extraits, avec l'aimable autorisation de La Vie.





Si on veut comprendre Jean Bastaire, il faut d'abord rappeler les deux influences décisives de sa vie. La première était l'entourage familial, sa famille d'imprimeurs, d'un milieu populaire, attachée à la laïcité républicaine, la deuxième, surtout, sa femme, Hélène, l'amour de sa vie. Il l'avait rencontrée lors d'une cure en sanatorium, où elle était médecin. Elle lui a transmis sa foi chrétienne et l'a guidé dans sa conversion au christianisme avant leur mariage en 1950, l'a sensibilisé à la beauté et la sauvegarde de la Création, lui a fait découvrir Paul Claudel et Charles Péguy, qui sont devenus pour lui des maîtres.

La découverte de l'œuvre de Charles Péguy a engagé toute l'activité intellectuelle de Jean Bastaire. « La résonance qu'a eue Péguy (sa vie avec ses engagements indissociables de son œuvre) a été si forte en lui, explique Michel Péguy, petit-fils de l'écrivain et mandataire de la famille Péguy, qu'il y avait comme une identification de l'un à l'autre, jusque dans l'apparence physique. Comme Charles Péguy, il avait un foi imprégnée du mystère de l'Incarnation, qui lie de façon intime le spirituel et le charnel. »

De fait, bien qu'il n'était pas universitaire, Jean Bastaire a bouleversé les études péguystes en montrant qu'il n'y avait pas rupture, mais bien continuité entre le Péguy socialiste des débuts et le Péguy chrétien.

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Sa connaissance de cette œuvre était si profonde que des professeurs d'université lui adressaient leurs étudiants afin qu'il les guide et les conseille. « Il a été pour beaucoup de gens un guide inestimable, très sûr et fin connaisseur, se souvient Michel Péguy, une référence incontournable à consulter. » Le petit-fils de Charles Péguy ajoute : « C'était comme s'il faisait partie de notre famille. »

Jean Bastaire ne se consacrait pas avec moins d'enthousiasme qu'à Péguy à la réflexion théologique sur la Création et à l'écologie. (…)

Sa réflexion s'enracinait dans la tradition de l'Église catholique depuis les origines. Il a ainsi réuni dans Le Chant des créatures (1996) des réflexions sur la Création, de saint Irénée de Lyon à Paul Claudel. Il se réjouissait des avancées théologiques de Jean-Paul II sur « le rapport entre la Création et la foi chrétienne ». Sa plume prenait aussi parfois des accents plus engagés contre le matérialisme, le totalitarisme de l'argent et la société de consommation, par exemple dans Pour un Christ vert (2009). Il se plaignait de le lenteur de l'Église ou du peu d'influence de son œuvre.

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Un an après sa mort, la réception de l'intégralité de la pensée de Jean Bastaire commence à peine. Son œuvre pourrait bien devenir une œuvre phare de la pensée catholique dans les années à venir. Sans nul doute, la journée d'hommage en cours de préparation par le diocèse de Lyon ne sera que la première d'une longue série.



Mahaut Herrmann



A lire également dans le numéro de La Vie, l'interview de Mgr Philippe Barbarin, archevêque de Lyon,  qui évoque sa proximité avec Jean Bastaire et son influence. Cliquer ici.


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