Michel Péguy, petit-fils de Charles, interrogé par Le Progrès
Le 28/11/2014
Le quotidien Le Progrès de Lyon a publié ce lundi 24 novembre une interview de Michel Péguy, petit-fils de l'écrivain Charles Péguy. Le docteur Péguy, longtemps pédiatre dans l'ouest lyonnais, est aujourd'hui à la retraite. Mandataire des descendants de l'écrivain, il évoque des souvenirs de famille et le sens des manifestations marquant le centenaire de la mort de son aïeul. Entretien reproduit avec l'aimable autorisation du Progrès.
- Quels sont les souvenirs que vous avez gardés de votre illustre grand-père ?
Je suis né en 1940. Mon père, troisième fils de Charles, est mort en 1941. Et Charles est décédé en 1914. C'est dire que, physiquement, je n'ai pas eu l'occasion de les connaître. Mais j'ai rapidement baigné dans une atmosphère familiale entretenue notamment par ma grand-mère et ma tante Germaine. Car, dès ma cinquième année et jusqu'à l'âge de vingt-trois ans, je passais des vacances dans la maison familiale à Sceaux. C'est là que j'ai commencé, malgré mon jeune âge, à découvrir l'esprit de Charles. Je revois sur la cheminée, les photos de grand-père partant à la guerre et de grand-mère en veuve de guerre. Elle a d'ailleurs participé à la création de mouvements pour les « veuves de guerre » de l'époque.
- Ces années de jeunesse et de carrière n'ont pas été consacrées à Péguy ?
Pendant mon adolescence et mes études de médecine, ce n'est pas l'œuvre de Charles Péguy qui m'a guidé. Prenant la suite du cabinet du Dr Cornut aux Trois-Renards, j'ai exercé la pédiatrie jusqu'en 2005. Le temps me manquait.
- Comment vous est venu le culte de Charles, votre grand-père ?
Cela s'est passé en trois phases. Le premier tournant, c'est pendant mon service militaire en 1967 à Madagascar où, avec un camarade, nous avons réussi à monter une exposition à l'aide de documents sur Charles Péguy. Cela a commencé à me donner le goût de la découverte de cet auteur.
Le second tournant, c'est sans conteste en 1984, quand j'ai été mandaté par la famille pour être le représentant vis-à-vis de l'ensemble des éditeurs de l'œuvre de Charles. C'est une lourde tâche, mais cela m'a permis de plonger à fond dans l'œuvre et les différents écrits. Et puis le troisième tournant, c'est ce centenaire que nous venons de commémorer. Les « Journées Charles Péguy de Lyon » des 12, 13 et 14 novembre ont été initiées et organisées par la famille. Cela a été un très gros travail, mais quelle satisfaction. Et surtout, cela m'a permis de voir à quel point l'œuvre de Charles Péguy est encore d'actualité, ses idées encore très présentes.
Enfin, je n'oublie pas mon mentor, celui qui m'a initié à comprendre et apprécier l'œuvre de mon aïeul, Jean Bastaire, historien et biographe de Charles.
- Des vœux pour le futur ?
Après avoir vu l'engouement du public pour cet auteur, j'aimerais bien que l'éditeur Gallimard facilite l'édition de toutes les œuvres encore non publiées en livres de poche. Car, il ne faut pas oublier que Charles s'adresse à tout le monde et comme le dit si bien Claire Daudin, présidente de l'Amitié Charles Péguy, « toute sa pensée entre en résonance avec nos problèmes d'aujourd'hui ».
Propos recueillis par Jacques Alaix
>>>> Reproduit avec l'aimable autorisation du Progrès.