Hommage à Jacques Viard

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Le 04/02/2015

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Le dernier numéro du Bulletin de l’Amitié Charles Péguy vient de paraître. Il s'intitule « Compagnons de Péguy », évoquant Henri Bergson, Joseph Lotte ou encore Walter Benjamin (voir le sommaire ici). Dans ce Bulletin figure aussi un hommage à un fidèle péguyste décédé il y a quelques mois : Jacques Viard. L'hommage est signé Anne Roche. Nous le reproduisons ci-dessous.







Les études péguystes ont une grande dette envers Jacques Viard. D’abord pour ses deux thèses consacrées à Péguy, l’une fondée sur un patient et minutieux travail d’archives au Fonds Péguy d’Orléans (Les Oeuvres posthumes de Charles Péguy , comportant la publication des textes en prose du Fonds orléanais, Minard, 1969), l’autre, d’une ambition plus ample comme en témoigne son titre : Philosophie de l’art littéraire et socialisme selon Péguy et selon Balzac, Berdaiev, Bernanos, Bernard-Lazare, Hugo, Leroux, Michelet, Proudhon, Proust, Simone Weil (Klincksieck, 1969). L’ordre d’apparition de ceux que Jacques Viard appelait les « Esprits fraternels », ordre alphabétique qui bouscule la chronologie, montrait le souci de ne pas se laisser enfermer dans une succession historique comme la concevait la Sorbonne du début du siècle dernier, et d’établir de nouvelles connexions à la fois philosophiques et littéraires.

Certes, dès les années 50-60, Péguy avait été démarqué de son image « Action française » et conservatrice, mais beaucoup restait à faire, et les thèses de Jacques Viard ont impulsé de nouvelles recherches. En particulier, il suscita des vocations de chercheurs, au premier rang desquels il faut nommer Julie Sabiani, qui fut son élève à la Khâgne de Marseille et publia notamment les Quatrains inédits de Péguy (La ballade du cœur, Klincksieck, 1973.) Son enseignement en Khâgne, puis à l’Université, était d’une grande richesse et diversité. Certains de ses anciens élèves de Khâgne se rappellent les balades dans le Lubéron, récitant des extraits des Batailles perdues de Louis Guilloux, une aria de La Damnation de Faust, une citation d’Homère, ou à la recherche de « l’arbre où commence l’automne » dans Un roi sans divertissement...

Dans la suite de son travail, Jacques Viard mit en évidence la parenté de Péguy avec Proust (Proust et Péguy. Des affinités méconnues, Athlone Press, 1972). Mais la perspective philosophique, historique, anthropologique, qui dépasse les enjeux du littéraire, et qui apparaissait déjà dans sa grande thèse, devait l’amener à chercher les racines de la réflexion de Péguy dans le siècle précédent, et à découvrir une filiation du côté de Pierre Leroux et George Sand : c’est à cette filiation qu’il consacra désormais toute sa recherche. Il s’agissait pour lui de mettre en évidence une tradition du socialisme français, à opposer au socialisme allemand – lisez marxiste. On peut lire à ce sujet l’hommage que lui rend son fils Bruno Viard dans la revue du MAUSS (voir ici).

La tradition défendue par Jacques Viard n’est pas la mienne, mais j’ai tenu à rendre hommage à son travail et à sa vie. Péguy dit : « Les philosophes n’ont pas d’élèves ». J’ai été l’élève de Jacques Viard, à la Khâgne de Marseille, en 1956-1958, c’est grâce à son enseignement et à son dévouement que je suis entrée à l’École (« celle qui était Supérieure »), ainsi que nombre de ses anciens élèves, qui sont devenus enseignants à l’Université d’Aix-Marseille. La marque d’un grand professeur, c’est d’avoir des élèves, et de leur donner les moyens de penser autrement que lui.



Anne Roche




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Par : NADIA

Note : Note 5

Titre : AMOUR

Avis : BONJOUR

UL ECRIT SUR LA VIE SENTIMENT DESEPOIRE JE ME TROUVE TRES TOUCHE