Le dernier numéro du Bulletin de l'Amitié Charles Péguy (BACP) vient de paraître (numéro 152 – voir sommaire). Il s'intitule « La nouvelle "Pléiade Poésie" de Péguy », proposant aux lecteurs de revenir sur un des événements qui aura marqué le centenaire de la mort de Péguy : la réédition des Œuvres poétiques et dramatiques de Péguy, parue aux éditions Gallimard (collection « La Pléiade »).

Nous reproduisons ici l'avant-propos de ce bulletin, signé par la présidente de l'Amitié, Claire Daudin, ainsi que le sommaire de ce n°152. Dans les prochains jours, nous publierons plusieurs des articles parus dans le BACP.



Pour ce dernier numéro de l’année 2015, nous avons choisi de revenir sur la nouvelle édition des Œuvres poétiques et dramatiques de Péguy, parue dans la collection « La Pléiade » en septembre 2014. Il nous a semblé important, à un an de distance, de mettre en valeur l’apport de ce travail, qui n’est pas seulement une commémoration, comme y insiste Denis Labouret dans son article, mais un dévoilement,  celui de Péguy en « poète tel qu’on l’ignore ». Il serait présomptueux de penser que tout commence avec cette édition ; ceux qui l’ont mise au point, dont je fais partie, s’inscrivent dans une tradition, serait-ce pour la bousculer, et ils ont à cœur de rendre hommage à leurs devanciers. Pourtant, la tâche à laquelle ils se sont attelés, avec la confiance de la famille Péguy et des éditions Gallimard, n’aurait pas eu grand sens si elle n’avait pris à bras le corps un certain nombre de problèmes posés par l’œuvre de Péguy. Le clivage prose/poésie, entériné par la tradition, conditionne sa réception, au point que l’on peut répartir ses lecteurs entre les adeptes du « grand poète catholique » et les partisans du polémiste libertaire, sans que les deux ensembles se recoupent.

En dépit des travaux de Jean Bastaire et de Robert Burac, il semble que cet état de fait ait peu évolué. Remonter à l’origine de ce qui est pourtant une construction, éditoriale et idéologique, est un préalable à une approche renouvelée et plus juste de l’œuvre de Péguy, y compris poétique. C’est un des axes majeurs de cette « nouvelle Pléiade », que j’ai tenté de souligner en intitulant ma contribution, de manière provocatrice, Pour en finir avec « le grand poète catholique ». Jérôme Roger, également collaborateur de cette édition, nous présente un de ses principaux apports : la réunion des deux « chansonnées » de La Chanson du roi Dagobert. Loin de n’être qu’une facétie plus ou moins ratée de Péguy, ce texte qui défie les genres, où les couplets satiriques alternent avec des méditations métaphysiques tantôt dialoguées, tantôt camouflées derrière un désopilant récit autobiographique, détient peut-être la formule de l’art poétique de Péguy. Deux autres auteurs, universitaires de renom qui avaient enrichi de leurs analyses le colloque « Voix de Péguy » à Cerisy, ont accepté de commenter pour nous cette édition. Denis Labouret en souligne les enjeux, nuançant les idées reçues sur « le mystique de Chartres ». Violaine Anger, en une lecture d’une précision extrême, compare les typographies de la nouvelle édition et de la précédente. Sous son œil intelligent, la page imprimée se fait partition, le texte tire un sens supplémentaire de sa disposition et déploie ses potentialités.

Pour faire suite à ce dossier, nous rendons compte d’un autre événement ayant favorisé la redécouverte de l’œuvre poétique : la lecture intégrale d’Eve organisée par Olivier Moulin-Roussel à l’Espace Georges Bernanos. Toujours dans le fil de Cerisy, la lecture à haute voix anime le texte autant qu’elle l’incarne.

Comme chaque année, nous publions la bibliographie des ouvrages de Péguy et sur Péguy édités ces douze derniers mois : ils sont nombreux, merci à Pauline Bruley et à Alexandre de Vitry de les avoir recensés. D’intéressants comptes rendus et une riche section « Vie de l’Amitié » complètent ce bulletin. Une journée à Villeroy sous le signe de la fraternité, la signature d’une convention avec l’Imprimerie nationale, la  première  séance du « Café Péguy » à la Brasserie Lipp, notre participation au Salon de la Revue et à la Fédération des Maisons d’écrivains témoignent de la vitalité d’une association qui, loin de s’étioler, réfléchit à son avenir et se lance dans de nouveaux projets. Puissiez-vous continuer à l’accompagner en 2016 : en ces temps d’incertitude, la participation à une action culturelle de qualité est un acte positif et un gage d’optimisme.

N.B. : Notre précédent numéro, le 151, est une bonne introduction à l’actualité de Charles Péguy. N’hésitez pas à le commander et à le diffuser auprès de vos bibliothèques, de vos établissements scolaires et universitaires, ou tout simplement de vos amis et de vos familles !



Claire Daudin



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Sommaire du Bulletin de l'Amitié Charles Péguy N°152 (octobre – décembre 2015) : « La nouvelle "Pléiade Poésie" de Péguy »

● Avant propos (Claire Daudin)

● Pour en finir avec le « grand poète catholique » (Claire Daudin)

● « Le roi faisait des vers. Mais il les faisait de travers » : La chanson - mal aimée - du Roi Dagobert (Jérôme Roger)

● Du blanc et du texte : voir le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc (Violaine Anger)

● Péguy poète tel qu'on l'ignore (Denis Labouret)

● L'Ève de Péguy ; au défi d'une lecture à l'intégrale et à voix haute (Olivier Moulin-Roussel, Marie Hasse et Violaine Barthélémy)

● Aperçu bibliographique (Pauline Bruley et Alexandre de Vitry)

● Comptes rendus

● Vie de l'Amitié

- Villeroy 2015, une journée placée sous le signe de l'amitié

- Signature d'une convention avec l'imprimerie nationale

- Première séance du « Café Péguy » à la brasserie Lipp

- Salon de la revue : participation et perspectives

- Compte rendu de la réunion sur la création du Réseau Ile-de-France de la Fédération nationale des Maisons d'écrivains et des patrimoines littéraires



Pour aller plus loin :

Le dossier spécial « Pléiade », réalisé par Olivier Péguy – cliquer ici.