Au début du mois de juillet, 100 ans après Péguy, quatre membres de l'Amitié Charles Péguy ont réalisé à pied le trajet entre Paris et Chartres, mettant leur pas dans les traces de l'écrivain. A l'origine de cette expédition, François Haye, qui depuis des mois travaille à un balisage de ce "chemin Charles Péguy". Ce tracé figurera bientôt sur notre site internet. Il est d'ores et déjà consultable sur le site Visorando (voir ici). Le quotidien L'écho républicain a publié le 7 juillet, un article sur l'ouverture de ce chemin de randonnée. Nous le reproduisons in extenso ci-dessous.

C’est une nouvelle voie qui s'offre aux randonneurs et autres pèlerins : le chemin de Charles Péguy, balisé par quatre éclaireurs.



«On l'a bien mérité ! » Assis, après plusieurs heures de marche, à la terrasse d'un café au pied de la cathédrale, quatre membres de l'Amitié Charles Péguy, un groupe constitué en 1942, à la mémoire de l'écrivain, poète et essayiste français mort en 1914, viennent d'achever un périple de près de cent kilomètres à pied. « Si le Conseil général ne nous avait pas financièrement aidés, nous n'aurions jamais entrepris ce chemin, que nous avons fait en trois étapes, deux de trente kilomètres et une de trente-cinq. »

Parcours adapté



95 kilomètres, à pied, là où Charles Péguy en avait fait 70. « Oui, mais lui, il avait fait le retour ! Nous, nous prenons le train », lancent les messieurs rassemblés par une "amitié", née autour des Cahiers de la quinzaine, une revue créée en 1900 par Charles Péguy lui-même, et dont l'audience, confidentielle, a inspiré à l'écrivain le terme d'"amitié" pour parler de ses lecteurs, peu nombreux.



« Charles Péguy, dans ma tête, n'a jamais été une star. La seule star c'est Notre-Dame de Chartres, l'étoile du matin », témoigne Michel Péguy, petit-fils d'un homme dont il reste, à Chartres, un souvenir de dizaines de strophes, La Tapisserie de Notre-Dame, un poème qui lie le style et le sujet : un pèlerinage.



« C'est aussi pour faire connaître l'homme et son oeuvre que nous avons emprunté ce chemin », expliquent les marcheurs qui ont dû adapter leur parcours à la modernité. En un siècle, les routes aussi ont changé : « La route nationale est impraticable pour les marcheurs ! Il y a trop de circulation ! François Haye a travaillé plus d'un an sur l'itinéraire dont les villes principales sont Limours, Dourdan, Ablis et le Gué-de-Longroi. » Et les quatre hommes ont balisé leur chemin, baptisé "Chemin Charles-Péguy", d'autocollants de signalisation bleus.

Deux pèlerinages



« Charles Péguy a fait deux pèlerinages à la cathédrale de Chartres », rappelle Pierre-Yves Le Priol. « Le premier en 1912 et le second en 1913, les 27, 28 et 29 juillet. C'est pour ce centenaire que nous sommes présents. »



Socialiste, fervent laïc animé sur le tard par une puissante foi catholique, Charles Péguy a de quoi dérouter plus d'un lecteur… Et de quoi en fidéliser d'autres : « Nous sommes des groupies de Charles Péguy », insistent Jean-Yves Caradec, Michel Péguy, François Haye et Pierre-Yves Le Priol, tous membres de l'Amitié Charles Péguy, une association depuis 1946, qui rassemble aujourd'hui environ trois cent cinquante adhérents. Née en 1942 de façon informelle, l'Amitié Charles Péguy avait pour but de protéger d'une récupération outrageante pour l'auteur défunt une oeuvre littéraire complexe.



Feuilletant un livre de poche usé, Les Tapisseries, François Haye explique qu'il s'est servi de ce recueil de poèmes pour tracer et baliser « au plus juste » le chemin Charles-Péguy. La Tapisserie Notre-Dame et ses 89 quatrains décrivent la marche du pèlerin Péguy.



Ces quatre éclaireurs ont ouvert un chemin de randonnée au public, une façon de partager leur passion. Ils se disent fiers de chercher à populariser la complexité d'une « oeuvre de la littérature universelle qui exalte à la fois une marche longue, comme un écho à une existence difficile, et un pilier d'espérance ».



Marianne Denis