Bernard Esposito parle de son "Oratorio"

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Le 11/10/2013

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L’Amitié Charles Péguy vous convie aux représentations de l’“Oratorio” de Bernard Esposito sur le poème de Charles Péguy Présentation de la Beauce à Notre Dame de Chartres. Ce spectacle coïncide avec le centenaire du deuxième pèlerinage de Péguy à Chartres, et de la publication de la Présentation (20 janvier 1913). Avant la première représentation, Bernard Esposito a répondu à nos questions.



 



Amitié Charles Péguy : D'où vous est venue l'idée de composer un « oratorio » à partir des textes de Péguy ?



Bernard Esposito : Le père Frédéric Gâtineau, recteur de la basilique de Longpont m’a contacté en début d’année pour me parler du pèlerinage de Charles Péguy à Chartres et de son centenaire. Il était avec Denys Klein, membre de l’association Péguy. Sans Denys et son désir profond de voir quelque chose naître sous son impulsion, rien n’aurait existé. Tous deux m’ont fait confiance à l’instant.

Comme tout projet nouveau me passionne, je m’y suis donné de suite, même si je n’entrevoyais pas exactement la forme finale, ni je n’envisageais le travail énorme que cela allait me demander.

Quand j’ai pensé « pèlerinage », j’ai pensé forme musicale avec un côté spirituel. L’oratorio (« drame lyrique sur un sujet religieux où l’orchestre a son importance ») me semblait le plus approprié. J’avais déjà écrit, sous la houlette du même père Gâtineau, l’histoire de Sainte Mesme sous cette forme. Là, cela correspondait moins à la définition de ce mot, mais j’aime associer ce projet avec la racine « oratoire » : pièce destinée à la prière. Restait à trouver la forme générale, la couleur instrumentale et après, le compositeur pouvait s’engouffrer dans le projet.



 



Amitié Charles Péguy : En quoi le texte de Péguy se prête à une telle « mise en musique » ?



Bernard Esposito : Quand j’ai lu la Présentation de la Beauce à Notre Dame de Chartres, et que j’ai découvert ces alexandrins, je me suis rappelé ce que je fais dire à Esther, personnage de théâtre, dans ma pièce « la mort de Racine » :

« Il est vrai que ce mode d’expression a pour lui le rythme régulier, la force nécessaire, la mélodie porteuse pour mettre en valeur les idées, avec sonorités, assonances, cassures,  harmonies… »

Le maçon avait ses pierres. Je pouvais construire. Une série de coupures s’est immédiatement présentée dans ma tête, cernant des thèmes ou des phrases rythmées, des lieux ou des tronçons de marches exigeant des escales. Des changements. Des ruptures. Des accélérations… sans oublier les nuits symbolisées par un morceau purement orchestral.

C’est ce périple musical qui m’a tenté ; un départ, un cheminement, avec ses arrêts, ses redémarrages, ses joies, se découvertes, ses méditations, et au bout de l’horizon, une arrivée triomphale à Chartres. Le tout scandé par le tempo si particulier et si régulier de l’alexandrin. Un canevas structuré, hiératique au prime abord et pourtant si souple ; car du 3 temps ou du 4 temps, du rapide ou du lent, tous les tempos et les mesures peuvent être envisagés. C’était le matériau le plus malléable dont je pouvais disposer.

C’était aussi la porte ouverte à toutes les idées harmoniques ; sauf que, si on veut respecter le texte et le valoriser, le compositeur doit s’effacer derrière l’auteur.

Pas question d’écraser les mots avec des avalanches de notes ; il fallait les mettre en relief sans pour autant trop s’effacer. Il me fallait des mélodies simples, mémorisables facilement le temps d’une soirée, quelques contre-chants aériens, comme des échos harmoniques ricochant sur le thème principal, un aspect « récitant » qui revient à la charge régulièrement, ( interprété par le chœur d’enfants) comme une psalmodie qui nous indiquerait qu’on est bien toujours sur la même route… Dans la bonne direction.



 



Amitié Charles Péguy: A l'heure où ce projet se réalise, quel est votre sentiment ?



Bernard Esposito : Une joie intense. Une grande émotion. Une plénitude aussi : mission accomplie ! J’en frémis à plusieurs niveaux.

Au niveau professionnel : travailler avec Sabine Aubert est un honneur et un plaisir à la fois ; j’ai appris la rigueur, le désir de perfection, la variété des nuances, et j’ai acquis une meilleure perception de la structure orchestrale.

Au niveau convivial, pour moi qui ai monté plusieurs comédies musicales avec une centaine d’enfants dans mon métier de professeur, je reste attaché à ces projets rassembleurs ; et là, je suis servi : 38 musiciens, 58 choristes adultes et une trentaine d’enfants du collège Jeanne d’Arc de Dourdan !

Au niveau humain, le projet réunit des gens que je ne connaissais pas, mais aussi ma femme et des amis proches.

Au niveau personnel, c’est difficile à faire partager ; mais quand je vois que des notes sur des portées deviennent mélodies partagées, c’est une grande fierté qui m’envahit. Comme un peintre qui prend un jour une toile vierge et qui regarde ensuite son tableau dans une exposition.

Au niveau musical, c’est aussi une leçon pour moi ; je découvre les rapports entre les instruments, je maîtrise beaucoup plus le rapport entre les timbres et la phrase, l’orchestration et les variations. J’ai « grandi » dans la composition.

A présent, j’espère que beaucoup de gens viendront, tenteront l’aventure de la découverte. Jacques Brel ne disait-il pas : « l’intelligent, c’est d’aller voir » ?



Propos recueillis par Olivier Péguy



Dates des représentations :



Vendredi 11 octobre 20 h 30 Basilique de Longpont (91)

Dimanche 13 octobre 16 h 30 Eglise de Palaiseau (91)

Vendredi 18 octobre 20 h 30 Eglise de Dourdan (91)

Samedi 19 octobre 20 h 30 Cathédrale de Chartres (28)



Détails, réservations : cliquer ici


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Par : Bernard BALSAN

Note : Note 4

Titre : basse Orsay

Avis : Pour moi qui ne connait pas beaucoup le solfège, j'ai trouvé les tonalité assez facilement à garder dans mes oreilles. Bravo à Bernard de nous avoir bien aider dans l'exécution de son œuvre. Si, une autre occasion se présente, je serai des vôtres.