Retour sur le colloque de Cerisy

Le 17/07/2014

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L’Amitié Charles Péguy a organisé début juillet au centre culturel international de Cerisy, un colloque intitulé "Voix de Péguy: quels échos aujourd'hui". Avant le début de ce colloque, nous avions interrogé les deux initiateurs de ce rendez-vous, Claire Daudin et Jérôme Roger (voir ici). A l’issue de cette riche semaine de débats et de réflexion, nous avons demandé à Jérôme Roger de se plier au difficile exercice du résumé, que l’auteur préfère appeler "essai de récapitulation".



 



Le colloque « Voix de Péguy, quels échos aujourd’hui ? », qui s’est tenu au Centre culturel international de Cerisy-la salle, du 30 juin au 7 juillet 2014, s’inscrivait dans la dynamique créée autour du centenaire de la mort de l’écrivain et de l’édition des Œuvres poétiques et dramatiques de Péguy dans la Bibliothèque de la Pléiade à paraitre au début de l’automne 2014.



Après les deux colloques parisiens du printemps consacrés au politique et philosophe, il s’agissait cette fois de mettre l’accent sur le paradoxe de la radicale solitude de la voix de l’écrivain en son temps suivie de sa singulière et contradictoire postérité à travers le siècle. Plusieurs perspectives se dégagent d’ores et déjà de ce colloque.



On a tout d’abord exploré la diversité des « identités Péguy », tant dans l’œuvre que dans la vie. Découlant de cette voix plurielle, la question de la réception, est venue corroborer la polyphonie de cette écriture déjà inscrite dans le projet même des Cahiers de la quinzaine (dont on a pu consulter la collection complète dans la bibliothèque du château de Cerisy), qu’il s’agisse de l’intertextualité de la Jeanne d’Arc, de maints écrivains français contemporains revendiquant l’esprit d’insoumission de Péguy, des Etats-Unis avec l’action sociale de Dorothy Day, de la Russie avec Joseph Brodsky, grande voix de la dissidence russe. Au cœur de cette question des « échos », les lectures théologiques ont confirmé l’impact de la voix de Péguy sur le lectorat chrétien.



L’étude de la réception de l’œuvre impliquait enfin d’accorder toute sa place à la force poétique de l’œuvre dont on ne dira jamais assez l’importance, comme critique des « servitudes instrumentales du langage » et des fonctions de la parole (« Ne me parlez pas de ce que vous dites ; parlez-moi de comment vous le dites »), comme rapport du corps à la voix et à la musique, et par conséquent comme réinvention de formes littéraires tombées dans l’oubli (les Mystères, les Ballades) et invention de formes inclassables comme les Tapisseries, mais aussi les Dialogues - qui poursuivent en réalité un soliloque sans fin. Tels sont quelques-uns des traits les plus saillants d’un colloque dont il faut souligner encore la qualité des échanges, parfois vifs, avec un public exigeant et fidèle.



A noter enfin des comédiens remarquables, débutants ou confirmés, qui, chaque soir, ont donné une « âme charnelle » à la voix du texte de Péguy.



Jérôme Roger



PS : en cliquant sur la pièce jointe (format PDF), vous accéderez à quelques photos des participants à ce colloque.



 


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