Que retiendrez-vous de ce centenaire ?
Le 25/01/2015
Les 12 mois écoulés ont été riches en événements péguystes. A l’heure où 2014 s’éloigne, nous avons demandé à quelques membres de l’Amitié Charles Péguy ce qu’ils retenaient de cette année de centenaire. La réponse peut faire référence à un événement, à un livre, à un texte, à un discours, à une photo ou, plus largement, à une impression autour de Péguy (ce que vous avez découvert, apprécié...) Voici leurs témoignages.
Si vous aussi, vous souhaitez partager votre réponse à cette question (« Et vous, que retiendrez-vous de ce centenaire ? », écrivez à : contact@charlespeguy.fr. Nous publierons vos contributions.
Article publié le 17/01/2015, mis à jour le 25/01/2015
Olivier Moulin-Roussel
« Merci de me donner cette occasion de dire toute mon admiration pour le travail de l'Amitié Péguy, et cette grande bouffée d'air frais qui a traversé notre monde. Pour ma part, j'ai eu la grande joie de réunir les possibilités de mettre l'accent sur Eve, un immense poème sur la Création et l'Incarnation, de tenter de faire valoir tout ce qu'elle peut valoir... En organisant des rencontres successives en mars à Saint-Roch avec Robert Marcy, en juin à l'Espace Bernanos, avec Pauline Bruley, Jean-Pierre, Sueur , Damien Le Guay, enfin en décembre, dans le cadre de "Bible à Neuilly". Ce rappel pour avancer vers le point d'orgue que représentera ce Triduum que nous organisons à l'Espace Bernanos, soit deux journées les 14 et 21, mars, pour la lecture intégrale des 1911 quatrains en continu, mais en deux étapes de 14h30 à 19h30, avec une introduction de Claire Daudin et le soutien de l'Amitié, les récitants se relayant d'une demi heure à l'autre. Un troisiéme jour, le 25 mars à 18h30 pour permettre aux participants des journées précédentes d'exprimer ce qu'ils auront ressenti ou pressenti. »
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Juan Carlos Vila Alonso
« Que retiendrez-vous de cette année du centenaire de la mort de Charles Péguy? Principalement ma présence au colloque de janvier au Sénat, et les actes de septembre à Villeroy. L'excitation de parler de Péguy au Sénat de la République, avec tant d'amis et connaisseurs de Péguy, et de fournir les connaissances que nous avons de lui dans le monde hispanique; et l'excitation d'écouter et m'engager avec les paroles de Michel et Olivier Péguy sur la tombe de Péguy. Et aussi les conférences en Espagne et au Mexique qui ont renouvelé la présence de Péguy dans ces pays. »
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Michael DE SAINT-CHERON
« Il y eut de nombreux colloques en ce centenaire Péguy ainsi que de nombreux livres publiés. Parmi eux, le colloque de Cerisy eut une profondeur, une simplicité, toutes péguystes, loin des fastes académiques ou institutionnels, qui ont bien sûr leur importance dans la reconnaissance de la portée de l'œuvre de l'écrivain-poète, du fondateur des Cahiers de la Quinzaine.
Parmi les publications, j'en retiendrai deux plus une bien sûr.
- Le petit "Comprendre Péguy", signé Claire Daudin, Marie Boeswillwald, Yves Rouvière, (Max Milo éd.)
- Le "Cahier Péguy" du Cerf, d'une dimension philosophique tout à fait précieuse
- et naturellement le volume des "Œuvres poétiques" en Pléiade dirigé par Claire Daudin.
On peut espérer que parmi la jeune génération, l'œuvre et la vie de Péguy ont pu être reçues dans toutes leurs dimensions à la fois littéraire, poétique et philosophique mais aussi spirituelle et politique, dégagées enfin de toute emprise nationaliste.
Il est / était temps de redécouvrir la haute figure de Péguy. »
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Charles COUTEL
« Le Centenaire de la mort de notre cher Péguy, ce fut d'abord la force de notre Amitié et la belle floraison des projets d'éditions et de colloques. Toujours ce souci de faire lire et mieux connaitre l'œuvre et la vie ce "professeur de vie".
Un moment d'émotion aussi quand, à Villeroy, un membre de la famille me remit quelques épis de blé.
Et puis ce soir du 16 décembre au Centre Saint Serge (à Paris, NDLR), nos amis chrétiens orthodoxes m’ont demandé une présentation de Péguy : je leur ai dit combien l'œuvre contenait de belles pages sur les plus pauvres et les plus vulnérables, comme ces ouvriers russes suppliant le Tsar pour plus de pain et de justice... Ce Péguy proche de la souffrance m'émeut et me bouleverse. »
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François HAYE
« Pour moi c’est la confirmation de la sonorité des mots de Péguy qu’il s’agisse des mots en proses ou des vers à plusieurs reprises.
- lors d’une conférence aux Bernardins, dite a deux voix : la conférencière et, comme un répons, la parole du comédien formaient une sorte d’oratorio.
- au colloque de Cerisy - précisément placé sous le titre des "Voix de Péguy" : la citation orale de phrases de Péguy -lors des exposés- puis l’écoute des comédiens par ailleurs produit une émotion peu commune.
A ces occasions, l’écrit de Péguy faisait écho avec une voix intérieure, formant une polyphonie intime, mystérieuse et vitale. »
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Violaine MELLET-BARTHÉLÉMY
« Je garde de cette année du centenaire la ferveur particulière à mieux connaître une œuvre, un homme et une époque.
Je garderai également un souvenir enthousiaste du Colloque organisé par L'Amitié Charles Péguy et l'Association des Amis de Pontigny-Cerisy, "Voix de Péguy : quels échos aujourd'hui ?" au Centre Culturel International de Cerisy-la-Salle du 30 juin au 7 juillet. Dans ce château merveilleux nous avons goûté aux singularités vocales et expressives de chaque intervenant, partagé l'amour de la langue du poète et de la langue française avec des accents norvégien, américain, japonais, italien, russe… et français. Ce fût un colloque très réussi grâce aux sensibilités de Claire Daudin et Jérôme Roger, aux personnalités des intervenants et aux comédiens talentueux inspirés par le verbe de Charles Péguy. »
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Denys KLEIN
Deux événements :
- La démolition de la maison occupée par la famille de Péguy entre 1899 et 1901 à Gometz le Châtel. « J'ai versé une larme, mais pas deux, en visitant les ruines et les planchers gondolés par l'humidité sous-jacente, qui la rendait insalubre. »
- L’Oratorio de Bernard Esposito sur le poème de Charles Péguy Présentation de la Beauce à Notre Dame de Chartres, sur une idée du père Frédéric Gatineau. Cette création fera l’objet d’un film réalisé par Hervé Alexandre, cinéaste épris des œuvres de Péguy.
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Jennifer KILGORE-CARADEC
« Qui a mangé le pain de 1914 ? Ce n’est pas une combine, vu le sigle apposé par le Musée de la Grande Guerre de Meaux. En effet, c’est un pain plus ou moins basé sur une recette d’Etienne Bourgeois, un meunier, qui étant mobilisé, devient boulanger. La chicorée aide à une longue conservation, paraît-il. Nous l’avons gouté plus d’une fois, car elle est vendue dans la boulangerie à côté de chez nous. Danger pourtant : la recette est bonne. Serait-on nostalgique pour le pain de 1914 ?! Quand on visite le musée de Meaux, qui plus est avec des jeunes des établissements scolaires Charles Péguy qui ont été fortement préparés à voir le morceau de pain de 1870, cela prend vite un autre sens. On comprend mieux que le pain de 1914 n’avait pas encore perdu le goût de 1870. Je considère ces moments avec les jeunes parmi les plus importants que j’ai vécu pour ce centenaire de Péguy, car si l’œuvre de Péguy se fait découvrir par les jeunes, on aura aussi le deuxième centenaire de la commémoration de sa mort au front.
La richesse et diversité des manifestations de notre association et l’implication de ses membres en 2014 a été remarquable. Le dévouement à l’organisation de colloques et la parution des publications diverses ont permis à un grand nombre de personnes de découvrir des choses nouvelles sur Péguy. Pour ma part, l’enrichissement personnel que m’a apportée des colloques comme "Péguy Politique" au Sénat ou la semaine sur Péguy à Cerisy, en juillet avec toutes ses manifestations annexes, restera une inspiration pour les projets à venir. Sans pouvoir assister à tout, j’ai constaté de nombreuses autres activités ailleurs, dont le foisonnement et le retentissement m’impressionne — et ce n’est pas fini, car ce centenaire va faire effet boule de neige.
La cérémonie à Villeroy en septembre avait aussi sa part d’exceptionnel. Excellente idée d’avoir eu un car pour véhiculer l’ACP — occasion d’approfondir nos relations et de partager. Bonne idée d’inviter des amis, qui ont découvert les lieux où Péguy est tombée le 5 septembre 1914. Et très émouvant d’avoir la famille Péguy étendue avec nous, reconnaissables tous, par les épis de blé qu’ils portaient comme une broche. L’aspect solennel de la commémoration fut très bien mené, avec simplicité et bonhomie. Sans fausse note, c’était un jour de commémoration et de fête, à la fois officielle et populaire. Que les personnes du village soient très fortement remerciées de leur accueil chaleureux.
Une thèse américaine sur Péguy a été publiée cette année, The Passion of Charles Péguy de Glenn H. Roe. A la Maison Française d’Oxford s’est tenu "The Charles Péguy Centenary Colloquium" organisé par Brian Sudlow et Toby Garfitt. Pour ma part, j’ai trouvé toutes les interventions pertinentes et regrette qu’une publication ne soit pas prévue. Pour ne mentionner que deux des intervenants : Richard Griffiths (qui avait plus jeune rencontré Pie Duployé) a parlé du sacré et non-sacré chez Péguy. Le théologien anglican John Millbank a traité la manière dont Péguy cerne l’histoire et il est convaincu que Péguy est d’une actualité étonnante. En attendant des scones de 1914 ou de 2014, devons-nous espérer des traductions de Péguy en anglais pour 2015 ? »
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Olivier PÉGUY
« Ce qui m’a marqué, c’est le grand nombre d’événements organisés autour de Péguy : conférences, lectures, spectacles…). Durant toute l’année, l’agenda des manifestations (que je m’efforce de tenir à jour) n’a cessé de se remplir. Il y avait non seulement les manifestations initiées par l’Amitié Charles Péguy, mais aussi et surtout, des événements émanant de particuliers ou de groupes très variés sans lien les uns avec les autres. C’est le signe évident d’un regain de vitalité autour de la pensée de Péguy. Puisse cet élan perdurer au-delà de 2014 !
- Ce qui m’a réjouit, c’est d’entendre des jeunes (trentenaires ou quadras) oser parler de Péguy : des comédien(ne)s, des universitaires, des journalistes…
- J’ai été fier qu’une chaîne de télévision internationale ouvre son antenne à Péguy ; j’ai été déçu par le désintérêt des chaînes de télévision publique.
- J’ai aimé la mobilisation du grand public ; j’ai regretté le silence de l’Etat.
- Ce qui m’a ému, ce sont les mots adressés par mon père, Michel, à son grand-père, Charles, le 7 septembre sur la Grande Tombe : "Aujourd’hui, nous, tes descendants, portons un épi de blé, comme d’autres brandissent des étendards. Notre filiation, nous en sommes fiers, pour hier, aujourd’hui et demain. " »
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Pierre-Yves LE PRIOL
« Outre les intéressants colloques et débats auxquels j’ai pu participer pour le centenaire, cette année 2014 reste particulièrement attachée à mon enquête sur les correspondances de Péguy: sujet sur lequel j’ai publié cinq pages (lettres à son épouse, à Bergson, à Joseph Lotte, à Maritain, à Blanche Raphaël) début septembre dans La Croix. J’avais ainsi passé deux jours au printemps dans un "colloque" singulier avec mon auteur préféré au centre Péguy d’Orléans : toucher du doigt ses manuscrits, trier pour mon enquête dans ses correspondances… Après la publication des cinq pages, les très nombreuses réactions reçues m’ont confirmé dans l’intuition que Péguy avait bien toujours quelque chose à dire aux hommes et aux femmes de ce temps. »
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